Voilà une
dizaine d’années que ce bout de continent blanc traîne dans un coin de ma tête.
Et enfin, ce rêve lointain est à ma portée. 15 mois en Terre Adélie, à
17 000 km de chez moi. Le départ est imminent. L’Astrolabe m’attend déjà à
l’autre bout de la planète. D’ici quelques jours, je serai à son bord pour une
traversée qui promet d’être mouvementée. C’est un mélange d’excitation et
d’appréhension. Un départ vers l’inconnu, vers une aventure unique, exceptionnelle.
De nombreuses images se bousculent, s’entrechoquent : des images de glace, de blanc, de bleu...Un
univers minéral où pourtant la vie foisonne de l’autre côté du miroir. Je serai
le biologiste marin de Dumont D’Urville.
Je mesure la
chance qui est la mienne de bientôt fouler cette terre destinée à la paix et à
la science. Peu de gens ont l’opportunité de parcourir ces contrées reculées et
d’y séjourner. Malgré tout, certaines personnes de mon entourage, peut-être
beaucoup d’ailleurs, me considèrent comme un peu « fou » de faire le
choix de partir aussi longtemps, aussi loin, de me retirer du monde des Hommes.
Alors, quel
est cet élément moteur qui pousse des gens comme moi à quitter leur famille, leurs
amis, leur quotidien confortable et douillet pour une situation extrême et délicate.
Pour ma part,
c’est cet esprit d’aventure, de découverte. Dans un monde désormais
« fini », où les grandes explorations des siècles précédents n’ont
plus lieu d’être, où cette quête de terres nouvelles, perdues ou légendaires est
obsolète, j’ai le sentiment que l’Antarctique reste le seul et unique continent
où cette part de rêve subsiste encore. L’Antarctique exerce une sorte
d’attraction, de fascination où l’imagination a encore le droit de citer.
Il est évident
que partir vivre plus d’une année sur une base scientifique en Antarctique
n’est pas sans susciter quelques craintes. On se pose beaucoup de questions.
L’éloignement, l’isolement, le froid, le confinement, la promiscuité, la nuit
quasi permanente au plus fort de l’hiver, constituent autant de paramètres
susceptibles d’influer sur le moral et de fait, modifier le comportement. Ma
plus grande appréhension finalement c’est moi ; ou plutôt, ma réaction
face à tous ces éléments nouveaux. Quel sera mon comportement face à
l’isolement? Vais-je supporter mes 25 compagnons d’hivernage ? Comment
vais-je réagir face à l’inéluctable routine qui s’installera sur la base durant
l’hiver? Supporterai-je les conditions climatiques? Autant de questions qui
trouveront leurs réponses dans les mois à venir.
Un tel voyage nécessite un minimum de préparation
et d’organisation. La première étape a consisté à remplir de manière la plus
intelligente possible les trois malles autorisées. Emmener un peu de chez soi
pour se réchauffer le cœur (et la panse) dans les moments difficiles, c’est
important. 120 kg de matériel sont autorisés. C’est énorme me direz-vous, mais
on y arrive plus vite qu’on ne le pense.
Passé l’étape de la constitution des malles et de leur acheminement, je
me suis confronté aux joies des procédures de résiliation de contrat en tout
genre : internet, téléphone, mutuelle, assurance voiture...et j’en passe.
Vient ensuite la semaine de séminaire à Brest où l’on rencontre ses futurs
compagnons de vie et où on vous informe sur les conditions de vie en
Antarctique. Si vous êtes effrayés à l’issue de cette semaine, dîtes-vous de
toute façon que c’est trop tard, vous avez signé! Bien évidemment, entre tout
ça, vous faîtes le plein de vie. Vous profitez au maximum de vos proches, vous passez un dernier week end à Venise. Une
succession de repas et d’apéros. L’occasion de revoir des gens que vous
n’auriez peut être pas pris la peine d’appeler dans d’autres circonstances.
Puis c’est le moment de dire au revoir, de
faire son sac. Encore un bagage, un dernier, celui qui vous accompagnera à bord
de l’Astrolabe. Le train siffle. C’est l’heure de partir.
Prenez soin de vous
Un petit bonsoir du pays beaujolais. Plein de pensées pour toi pour cette magnifique (folle?) aventure.
RépondreSupprimerCharlotte, en souvenir des bancs de la fac et des soirées rennaises.
Quel régal de te lire ! Hâte de cliqué, re cliqué et re re cliqué sur ton blog pendant une année et demi, une part d'aventure nous envahira aussi ! Merci ...
RépondreSupprimerQuelle belle histoire tu vis , tu ecris
Des baisers malouins
Clanouk
Nebout Julie
RépondreSupprimerBonjour cousin ça fait très longtemps que je ne t'ai pas vue. On m'a dit pour cette aventure extraordinaire... Au debut je me suis dit que tu etais un peu fou mais je t'envie, surtout profites à fond de cette année, de la nature, des animaux et des magnifiques paysages que tu dois observer chaque jour.
Je t'envoie plein de bisous dans ton coin de paradis.