mercredi 11 décembre 2013

Où comment prendre ses malles en patience


Où comment prendre ses malles en patience

Manchot futé l’avait pourtant prédit : la route qui mène à Dumont D’Urville sera peu praticable en cette période de fête de fin d’année. Alerte blanche! L’Astrolabe se retrouve en effet bloqué dans des embouteillages de glace. Même s’il n’est plus très loin, à peine 100 kilomètres, il l’est suffisamment pour que l’hélicoptère ne puisse décoller et entamer le déchargement en vivres, matériels et personnels. Les consignes de sécurité sont très strictes en la matière suite aux accidents survenus par le passé. Quand bien même il serait à portée de rotor, la météo vient jouer les troubles fêtes (de fin d’année). Alors que le beau temps commençait sérieusement à faire transpirer la faune locale les semaines passées, une tempête s’est levée comme pour maintenir la réputation sulfureuse du climat austral, et célébrer le retour en ses eaux du navire polaire français.

La TA63 prend donc son mal en patience. Les malles sont bouclées, pesées, étiquetées. Les couloirs du dortoir ressemblent à un tétris géant. Chacun est fin prêt. Chacun suit quotidiennement les progrès de l’Astrolabe sur google earth. Les pronostic vont bon train (étonnant pour un bateau) quant à une date de retour possible sur Hobart. Il y a les utopistes, qui nous voient en France pour Noël, les optimistes qui envisagent un nouvel an possible en France, les réalistes qui ont conscience des aléas possibles et qui s’abstiennent de tous pronostics et enfin les résignés qui ne s’expriment plus, qui végètent, tournent en rond tels des derviches tourneurs. Et puis, parmi tout ça, parmi cette agitation générale, parmi cette excitation entremêlée de fatigue et de nervosité, il y a les quelques nouveaux de la 64, qui doivent se demander où ils ont mis les pieds et pourquoi nous sommes tant pressés de rentrer chez nous. Tout comme moi, il y a un an. Ils comprendront dans un an, quand leur tour viendra.

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